Michel Gabrel nous a quitté dans la nuit du samedi 3 mars 2012 à 4 heures du matin, plongeant sa femme Élisa, ses enfants, sa famille, ses collaborateurs de « Magic Distillerie de Rhum » de Samui et ses nombreux amis dans la plus grande tristesse. 

Michel souffrait depuis plusieurs mois, son mal le rongeait et entamait ses forces de plus en plus ; il n’y avait plus grand-chose qui parvenait à diminuer sa douleur.

La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y a un mois. Il était sorti de son lit pour me recevoir. Il n’en sortait plus guère. Nous avons parlé pendant près d’une heure, un peu de son mal, et beaucoup de littérature et de futures parties de pêche que nous ferions dès que son état s’améliorerait.

Michel adorait la pêche. Il pêchait avec ses amis thaïs, de vrais professionnels qui l’instruisaient constamment de leur savoir. Il s’était acheté un « longue queue », rien que pour cela !

Il voulait venir à Koh Tan où son ami et partenaire Mee Sak avait son resort « Koh Tan Village, Bungalows » et où j’avais ouvert la seule boutique de l’île qui revendait entre autres, son excellent rhum parfumé aux senteurs caraïbes mâtinées de celles du soleil et des essences thaïlandaises et du tour de main magistral de ce couple perfectionniste.

Je n’ai vu parmi les nombreux dégustateurs du nectar que des bouches s’arrondir, des yeux s’illuminer et des sourires resplendir dès que le liquide blanc ait touché leurs lèvres et palais !

Dès que ce couple de « Parigots » se soit installé dans le Sud-Ouest pour cultiver le pruneau d’Agen, les « pays » ont rigolé et se sont frottés les mains, se disant que bientôt, une propriété serait à revendre à bas prix… Quand ils décident de revendre, une dizaine d’années plus tard, leur propriété produisait les meilleurs pruneaux de la région et ils prodiguaient leurs conseils aux locaux avides de connaître leur « façon de faire ».

Michel était une grande gueule au grand cœur !

Tout était grand dans ce géant ! L’amour pour ses passions. Une véritable écoute des autres, qualité rare de nos jours. Un esprit ouvert montrant de l’intérêt pour ce qu’il connaissait et surtout pour ce qu’il ne connaissait pas. Une soif insatiable d’apprendre la pêche, le pruneau, le rhum…

Michel, tu nous manques déjà ! Rien que d’imaginer ne plus voir ta grande carcasse, mes yeux s’embuent, ma gorge et mes poings se serrent. Tu t’en es allé sans crier gare ! T’en avais marre de lutter contre cette saloperie de maladie qui usait petit à petit tes forces vives.

Sache, mon grand, que nous serons auprès d’Élisa et de tous ceux que tu aimais pour les aider à passer ce mauvais moment qu’est ton départ. Nous ne nous faisons pas trop de souci pour toi, car s’il y a « là-haut », un paradis, nous savons tous que tu t’emploieras à le perfectionner encore !

Réserve-nous une place dans le tien, afin que nous le dégustions ensemble, il paraît qu’il a une saveur de cannelle et de clou de girofle, et puissions poursuivre nos discussions où nous continuerons de « là-haut » à refaire ce satané monde

Buvons à toi, Michel, un dernier petit coup de rhum pour ce long voyage ! Mais t'es pas seul, Michel ! Non, t'es pas tout seul !

Jean-Charles Courcot, dit Charly de Koh Tan

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